Cette nuit-là, la foudre frappait à plusieurs endroits. Les coups de tonnerre raisonnèrent ici et là, et des incendies éclataient à certains endroits. C'est à ce moment précis que ma mère accoucha. Cette nuit, c'était une nuit d'avril. Le 1er avril plus précisément. Ce jour était censé être un jour de fête, mais il était rempli d'horreur, de pleurs et de peurs, en réalité. La raison ? Eh bien.. Ma mère a accouché, aidée par mon père, dans les circonstances où l'on ne pouvait point sortir dehors, et peu après, mon père dû, malgré tout, sortir dehors, pour rentrer nos deux chiens. Nous avions deux braves bouviers bernois. Lorsque ceux-ci ont pu rentrer dans la maison, mon père alla fermer le portail, les pieds dans l'eau et près d'un arbre, et c'est à ce moment précis que je me suis mis à pleurer. Je n'avais pas pleuré avant, non. Juste à ce moment. Comme si... J'avais su. J'avais compris. Et ma mère vit la scène en regardant par la fenêtre...




Lorsqu'elle alla à l'enterrement de mon père, elle était vêtue de noire, était baignée de larmes, et m'avais enveloppé dans un drap noir également. Beaucoup de gens aimaient mon père, c'était un homme brave, c'était un homme bien. Il travaillait dans l'élevage de chiots de pures races, et avait vendu quelques beaux spécimens à des gens de notre village. Ma mère était tombée amoureuse de lui en lui achetant l'un de nos bouvier bernois d'ailleurs.. Quelques années plus tard, ils se sont mariés, et elle est tombée enceinte de moi. Ma mère travaille dans l'environnement, elle s'occupe de tout ce qui est catastrophe naturelle. Comme par exemple, les jours d'orage, lorsque la foudre tombe et provoque des incendies. Mais la foudre a beau être magnifique à photographier... Elle en reste cruelle. Ma mère avait tant pleuré qu'elle avait un peu de mal à s'occuper de moi convenablement. Mais comment pouvais-je lui en vouloir ?




Durant une partie de mon enfance, j'ai cru comprendre que mon anniversaire et l'anniversaire de la mort de mon père était tout simplement deux évènements horribles. Mais je comprenais finalement que seule la foudre était la cause de sa mort... Et que ma naissance avait été voulue de toutes façons. Certes, ma mère voulait une fille... Mais elle m'aimait quand même. Disons que le fait de grandir avec uniquement ma mère m'a rendu plus sensible à certains sujets que les femmes se posent en général, des peurs qu'elles ont, et leur besoin permanent de se confier, de plaire, leurs doutes, leurs manies, etc. J'étais donc proche de ma mère dans un certain sens, et je m'accrochais à ça, car c'était la seule personne avec qui je m'entendais. De tout petit, à l'école, j'étais en quelques sortes rejeté. Les parents des autres enfants connaissaient l'histoire en lien avec le jour de ma naissance, ils le racontaient à leurs enfants, et ceux-ci me posaient des questions indiscrètes, me parlaient mal, ne me respectais pas, me maltraitais, se moquais de moi gratuitement, etc.




Je restais donc seul en permanence, je ne me battais pas car je savais que seul face aux autres je n'avais aucune chance, et que je n'étais pas Jackie Chan dans un de ses films... Il n'y a qu'au cinéma que l'on peut voir un homme seul vaincre une dizaine de personnes. Mais en vérité, ça ne se passait jamais comme dans les films... Finalement, à moitié traumatisé par les autres, j'implorais ma mère pour ne plus retourner à l'école. Je dû malheureusement supporter quelques années d'études, craintif... Puis lors de ma première année de cours dans la cour des grands, je sus alors ce que l'on ressentait lorsqu'on vous posait vraiment une étiquette sur le front, et que l'on ne pouvait s'en défaire. L'ermite, le sauvage, le type repoussant, le garçon solitaire, celui que personne ne veut comme ami qui ne supporte personne. Le gros timide qui ne parle jamais comme si il était muet, ayant perdu la voix à force de ne jamais prendre la parole en toutes circonstances.




Finalement, je négociais des cours par correspondance avec ma mère, et j'obtins alors un ordinateur dans notre salle à manger, afin de pouvoir travailler seul, sans avoir besoin de parler à qui que ce soit. J'avais par contre, deux professeurs particuliers. Un en anglais, m'apprenant à parler convenablement, bien tourner mes phrases, me faire parler davantage ; et un en français. J'aimais cette langue mais elle était particulièrement dure à apprendre via internet. Je fis alors environ deux ans de cours via le net, lorsqu'un jour, ma mère m'annonça qu'il faudrait que je retourne en cours, mais dans un autre lycée. McKinley elle avait dit. Lima.. Les gens y seraient toujours, et je me sentirais toujours aussi mal ! Malheureusement, j'étais obligé d'y aller... J'arrivais donc en cours d'année dans le lycée de Lima, et me fondre dans la masse fut très dur. Les gens me regardaient tous, m'adressaient la parole, soit pour me demander limite d'être leur ami, soit pour m'enfoncer dans ma timidité et de me faire plus mal que ce que je ressentais déjà. Mais je voyais un psy entre certains cours. Enfin une psy... Mademoiselle Pillsbury. Elle tentait de m'aider à m'intégrer, et je finis par intégrer un club, un peu contre mon gré bien-sûr. Le club d'audiovisuel m'ouvrit alors grand ses portes..




Je tentais un peu tous les petits boulots possibles dans ce club-ci, et finit par effectuer une tâche très importante... Conduire le chariot où l'on posait les télés, m'occuper de porter les télés, parfois, je devais aller faire quelques réglages dans des salles de classes, durant mes heures de libres, et sinon.. Ben ça ne vous regarde pas de toutes manières. Quant au reste.. Je me conterais de dire que je ne dirais pas grand chose d'autre sur moi. Même si, dieu le sait bien, il y aurait beaucoup à dire... Des erreurs, des douleurs, des rancœurs... Ainsi que des petits trafics éventuels avec certaines personnes.