Quelle belle matinée, oui vraiment. Qui aurait cru que quelqu’un comme moi, d’aussi sûre d’elle et douée en quasiment tous les domaines, aurait besoin d’une aide de la part d’un adulte ? Non, sérieusement, ce n’était pas compréhensible et même moi je ne comprenais pas comment je ferais pour aborder la question à celle qui m’apporterait cette aide. J’espérais bien que personne ne sache que je sois en pleines difficultés personnelles. Je n’imaginerai même pas les rumeurs qu’il pourrait y avoir sur ma petite personne si un seul mot s’échappait du bureau de cette femme maniaque, aux gestes bien étranges. Je sortais d’un cours ennuyant de mathématiques et comme toujours, je n’écoutais rien au charabia du professeur. Ce que j’aimais, c’était discuter avec les amis qui se situaient jamais trop loin de ma rangée. A quoi servaient tous ces chiffres inutiles ? Ils ne me serviront jamais à gagner ma vie et à connaître la victoire ainsi que la gloire. Vous croyez vraiment que je n’ai que cela à faire, à chercher l’obtention d’un prix Nobel que je laisserais ensuite pourrir dans une armoire ? Et bien, fous êtes vous si jamais vous y croyez ! Mon plus grand rêve serait de devenir une actrice Hollywoodienne ou bien une chanteuse internationale comme Lady Gaga ou Britney Spears.

Oh, Britney… Ma chanteuse préférée depuis toute petite. Je me souvenais encore d’avoir dansé sur ses chansons durant la récréation, avec mes écouteurs collées aux oreilles. Magique, cette fille. Toutefois, trêves de bavardages, je me dois d’aller rendre visite à cette mignonne rouquine qui fait guise de conseillère d’orientation. Une sorte de psychologue, si vous voulez savoir. Elle peut deviner notre avenir et c’est pour cela qu’elle conseille sur l’orientation des élèves. Je plaisante ; elle ne devine pas mais disons qu’elle sait un tas de choses sur ce qui pourrait nous correspondre. Je n’aime pas spécialement lui faire des éloges puisqu’elle est l’une des ennemies de la grande Sue Sylvester mais je dois avouer que malgré le fait qu’elle soit bizarre, Madame Pillsbury était une conseillère particulièrement sympathique et à l’écoute des gens. Je n’en ai jamais fais l’expérience mais je me fie aux aventures de certaines de mes connaissances, ces derniers ont plutôt été satisfaits des conseils prodigués par cette femme. Alors, je me suis dis ; pourquoi ne pas essayer ? Au pire des cas, je pourrais toujours dénoncer son incompétence auprès de ma coach qui se chargera d’en toucher un mot au directeur du lycée. En sortant dans les couloirs, je m’arrêtais devant le distributeur de Slushies. Tiens, tiens, il n’y avait pas grand monde aujourd’hui et je pourrais en profiter pour me payer cette boisson sans attendre derrière une file impatiente. Je me servis d’un Slush à la fraise, d’une teinte rouge sang, et poursuivis ma route.

Vêtue d’un fin vêtement rouge et blanc, je représentais le club de pompom girl, tout comme les autres filles dans mon cas. Nous étions fières de porter cette tenue qui propulsait notre popularité en haut de la pyramide. On était enviées, jalousées et le sentiment de puissance se faisait ressentir. C’était si bon de ressentir cela… mais d’un autre côté, notre avidité de pouvoir ne cessait d’augmenter. Notre but ultime était surtout de devenir la reine de promo. Si Quinn avait toutes ses chances de le devenir dans peu de temps, je n’hésiterais pas à mettre tous mes atouts en avant pour la dévancer. Malheureusement, je dus avouer que ce ne serait pas une chose bien facile mais ma détermination me poussa à dissimuler mes doutes et incertitudes au plus profond de mon âme. Bon, j’y étais presque… plus qu’un petit virage et j’y serais. Le vitrage du bureau de Mrs. Pillsbury me paraissait bizarrement grand de loin mais plus je m’approchais, plus cette illusion s’éclipsait. Peut être mon imagination qui joue avec ma vue réaliste. Ce ne serait pas la première fois. J’ai déjà voulu me pointer devant un garçon qui me semblait vraiment canon de loin, mais une fois à sa hauteur, j’ai du faire demi-tour afin de ne pas vomir de dégoût. Désormais derrière la porte du bureau, j’attendis le bon moment pour frapper. J’apercevais la professeure qui paraissait concentrée sur quelques dossiers mais je ne pouvais, hélas, pas savoir de quoi il s’agissait. Ce qui était pratique quand un bureau est entouré de vitre, c’est qu’on peut apercevoir tout le monde venir et sortir mais aujourd’hui, Emma Pillsbury semblait bien trop occupée pour me percevoir. Je dus en conclure que j’étais obligée d’attirer son attention. Je levai ma main gauche et ce fut avec mon index que je toquai à sa porte. J’attendis qu’elle ne lève la tête ou bien encore qu’elle me donne l’autorisation avant de pénétrer dans la pièce. Les deux mains derrière mon dos, j’abordai un joli sourire presque sincère et observai mon interlocutrice qui devait bien se demander quel était l’objet de ma visite. N’étant pas de nature timide, je me lançai dans un petit morceau introductif de mes futures interrogations.

« - Bonjour, madame Pillsbury. Je suppose que vous ne me connaissez pas puisque c’est la première fois que je mets les pieds ici. Mais il se trouve que vous êtes la seule personne qui pourrait répondre à mon besoin d’en savoir plus… sur… certains domaines. Mais s’il vous plait, que tout cela reste entre nous. »

Je fis une pause pour lui laisser le temps d’accumuler ces informations et de réfléchir. Je savais qu’elle était tenue sous le secret professionnel et qu’elle ne pouvait pas divulguer d’informations privées à propos de moi à d’autres personnes mais j’ai toujours été quelqu’un qui souhaitait être sûr à cent pour cent. Je repris alors :

« - Voilà. J’ai toujours apprécié être aimée et remarquée. Ma vie au lycée est tout ce qu’il y a de mieux pour moi seulement, ce n’est jamais assez pour moi. J’en veux toujours un peu plus et cette année, j’aimerais être encore plus parfaite que je ne le suis déjà. Enfin, « parfaite » est un bien grand mot mais quelque chose me dérange. J’ai l’impression qu’il me manque quelque chose. J’ai réfléchi et je me suis décidée à remporter le titre de Reine de promo. Seulement cette idée n’a pas plut à mon père et à ma mère qui ont alors décidé de me mettre la pression au niveau de mon avenir. Ils veulent que je cesse mes soi-disantes « activités de gamines qui passe son temps à se pomponner » pour me consacrer entièrement à mes études. Seulement, devenir une grosse intello est l’idée la plus absurde et horrible qui puisse me venir à l’esprit. J’aimerais être styliste ou bien actrice ; pour styliste, mes parents trouvent cela ridicules et pour une carrière d’actrice, ils semblent me faire croire que ce sera impossible. Du coup, je ne sais plus quoi en penser et je deviens moins sûre de moi… je n’ai jamais été très douée à l’école sauf en Anglais ou en Sport mais à part cela… Donc, je voudrais votre aide.»

Cela me dérangeait de venir ici puisque je me sentais si perdue dans mes problèmes que j’avais l’impression d’être faible en venant le raconter à quelqu’un. Bien qu’Emma Pillsbury-Howell soit une personne de confiance, je n’étais jamais venue lui parler ne serait-ce qu’une seule fois et aujourd’hui, je me pointais dans son bureau, là, comme cela. C’était assez étrange mais d’un côté, je n’avais plus aucune alternative. Si je venais en parler à Mlle Sylvester, j’étais certaine qu’elle me dirait d’abandonner les études et de poursuivre le chemin de la gloire grâce aux trophées et médailles. Néanmoins, c’était assez risqué. La conseillère d’orientation prit donc la parole d’une voix douce et réconfortante. Elle m’appela par « mon chou », ce qui me surprit puisque je n’étais plus une enfant mais je décidai de laisser passer cela. Peut être qu’elle ignorait mon prénom, voilà tout. Ce n’est pas que je déteste les surnoms enfantins mais c’est que j’avais perdu l’habitude d’être appelée ainsi. Ma mère ma très vite prit pour une adulte responsable et ne faisait que me surnommer Bever, ou bien Bev’. Je n’ai plus connu les mots affectifs comme « ma chérie », « mon trésor », depuis mes quatorze ans.

Il se trouve que ma mère, qui a toujours voulu se faire traiter comme une grande avec ma grand-mère, pensait que me considérer comme une grande pouvait me faire plaisir. D’un côté, je ne l’ai pas dans mon dos et je peux agir en liberté mais d’un autre, elle n’était pas souvent là pour m’aider dans mes problèmes. C’est pour cela que je remercie la création du boulot de cette rouquine. Sans elle, je me serais réfugiée derrière les conseils des amis qui ne sont pas toujours les meilleurs. Quand on est adolescents, on n’a aucune expérience de la vie, du futur et de ce qui pourrait nous arriver. Les conseils d’une conseillère avaient donc un peu plus d’importance que ceux de mes proches. C’est avec une grande attention que j’écoutais les paroles de mon interlocutrice qui étaient censées être dignes de sagesse. Elle avait tout à fait raison ; être une bonne élève pouvait paraître mélioratif mais en fait, c’était totalement péjoratif pour notre image. Lorsque l’on avait des bonnes notes, on est tout de suite imagée comme une intello à lunettes. Je le savais puisque je me moquais souvent d’eux mais maintenant, je regrettais un peu de ne pas avoir une part de leurs connaissances. Au fond de moi, je préférais largement mieux être une cheerleader car comme Emma la souligné, on est respectée et aimée. Mais d’un côté, cette femme m’avait donné une idée ; je n’étais pas forcément obligée d’avoir des super notes mais je pouvais au moins, rentrer dans la moyenne. Je pensais bien que un peu au dessus de la moyenne devrait suffir pour satisfaire mes parents, du moins pour le moment. Après le lycée, dans les écoles où les pompom girl n’existent plus, peut être pourrais-je envisager d’augmenter d’avantage mon niveau. Je voulais être styliste ou actrice et pour le devenir, je devais tout de même fournir des efforts. Néanmoins, il y avait une faille dans les conseils d’Emma. Il était hors de question que je me fasse aidée par des professeurs puisque je savais parfaitement que Sue finirait par savoir que je m’intéressais de plus en plus aux cours. Et elle penserait sûrement que je délaisserais l’entraînement pour des choses « inutiles et stupides ». Cette femme était comme une déesse ; elle paraissait omnisciente et semblait pouvoir tout savoir sur ce qu’il se passait dans McKinley. Je savais qu’elle avait des taupes qui surveillaient Schuester ou bien le régime de nous, Cheerios. Qui sait ce qu’elle serait capable de me faire si jamais j’ose me consacrer d’avantage à mes études ? Cette femme, je l’adorais, je l’admirais mais elle était parfois effrayante donc il valait mieux ne pas faire de faux pas.

« - Des professeurs particuliers, vous voulez dire ? C’est trop risqué, madame How…Pillsbury. Ma coach finirait par le savoir mais je pense que je vais faire comme vous l’avez dis ; je vais essayer de faire un peu plus que la moyenne sans trop monter non plus. Ainsi, j’aurais une moyenne tout à fait normale et ce sera moins risqué. Vous pensez que c’est le mieux pour moi ? »

Alors que je lui posais cette question, je baissai mon regard vers son bureau. Le bras de la rouquine cachait une revue à propos des cheveux. Un sourire apparut aux coins de mes lèvres ; je l’avais déjà lue et elle m’avait fait rire durant un moment. Je me souvenais des produits de beauté de ma mère qu’elle cachait sous l’étagère de la salle de bain. Elle s’en servait pour fortifier sa chevelure blonde mais elle tenait absolument à ce que je ne les utilise pas. A l’époque, mes cheveux étaient bien trop fins et fragiles pour que je puisse m’offrir une coloration ou bien la pose de ces produits chimiques. Mais maintenant, ils étaient bien résistants et c’était grâce aux progrès des soins capillaires. Je ne m’étais teinte les cheveux qu’une seule fois dans ma vie et encore, ce n’était pas une coloration complète. C’était en quatrième et à l’époque, j’aimais le style Emo. J’avais donc demandé à ma coiffeuse de me faire des mèches roses qui allaient bien avec le blond naturel de mes cheveux. A part cela, j’étais plus du genre à chercher l’effet soyeux et brillant plutôt que de les coloriser. Au fil du temps, cela les abîme et j’exigeai garder ma beauté durant un long moment. J’écoutais de nouveau la conseillère qui me parlait cette fois-ci de mes souhaits de métier. Il est vrai qu’on est jamais surs de ce qu’on fera réellement plus tard mais je tenais vraiment à être au moins styliste.

« - Vous avez raison. Et si je ne peux pas m’orienter vers une carrière de styliste, vous pensez que Hôtesse de l’air serait bien ? A part s’occuper des passagers et se taper la discute avec le pilote…il n’y a pas trop de travail, si ? »

Comme beaucoup de jeunes, j’aimais les boulots où l’on ne passait pas son temps à travailler sans arrêt. Non, je souhaitais mener une belle vie sans trop me préoccuper du travail, du boss, ou des embrouilles avec les collègues.

« - J’ai apprécié votre aide. Au début, je vous prenais pour une femme de décoration, comme beaucoup d’élèves…enfin, finalement, on ne peut pas se fier aux apparences. Merci de m’avoir éclairé. Je n’aurais jamais eu l’esprit tranquille, sinon. »

Puis, la porte d’entrée s’ouvrit sans que je ne m’y attende. Un lycéen pénétra dans le bureau et je me demandais bien quel était son prénom. Je ne le connaissais pas et il n’avait pas l’air d’être un mec populaire ou remarqué. C’est fou ce qu’il y a de ces inconnus au lycée. Quoi qu’il en soit, je n’étais pas du genre méchante envers les inconnus sauf s’ils me cherchent. Je n’avais donc nullement l’intention de l’humilier en public. Néanmoins, je fus surpris que Emma Pillsbury se souvienne enfin de mon prénom. Peut être que cette parlotte avait éveillé les capacités de son cerveau ? Je plaisante. Seulement, elle venait de me décevoir un peu en voulant que je fasse part de mes problèmes à un inconnu, à un simple lycéen qui pouvait être capable de lancer des rumeurs sur moi. Si de telles rumeurs circulaient, j’en connais pleins qui n’hésiteraient pas à me rabaisser. Et je n’aimais pas cette idée. Alors, je décidai de changer de sujet :

« - Parlons plutôt de vos problèmes, maintenant, si vous le voulez bien. Je pense que j’ai assez bénéficié de votre aide comme cela, c’est à votre tour, désormais. Je…je vous aime bien alors je suis partante pour vous aider. Avec vos cheveux, par exemple ! Votre coiffure vous va bien mais avez-vous déjà songé à donner de l’effet à votre chevelure ? Si je me fie à la revue qui se trouve sous votre bras, je dirais que oui. On pourrait en parler, non ? Je pense que toi, aussi, Timmy, tu aimerais l’aider ? Le truc du jus d’orange qui fournit des vitamines C… c’est vrai pour notre corps mais quel en est l’intérêt pour les cheveux ? Ils n’en seront que fortifiés mais ils ne seront pas plus brillants, pas plus flamboyants que d’habitude… »

Ouf ! Je venais d’échapper à la révélation de mes difficultés à un lycéen que je ne connaissais pas. Je n’avais rien contre lui mais il fallait bien me méfier, non ?